
Déjà 40 ans que la Peugeot 205 arpente les routes du monde entier. Comme à son habitude avec ses voitures à succès, le Lion a décapsulé sa muse. Si certains regretteront la présence d’un arceau, limitant le besoin de renforts et donc le poids de l’auto, force est de constater que la version Roland Garros du cabriolet 205 s’avère particulièrement désirable.
Texte et photos : Ludovic Tichit
Présentée en 1983, la 205 est un succès fulgurant. Il faut dire qu’elle est le modèle de la dernière chance pour Sochaux, alors au bord de la faillite. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Peugeot met le paquet, avec des multiples versions, portées par une véritable locomotive : la 205 GTI. Dans l’euphorie du succès, c’est en 1986 que la décision d’enlever le haut est prise, en partenariat avec Pininfarina.
C’est d’ailleurs le carrossier italien qui est chargé de la construction. Concrètement, les châssis 3 portes et autres éléments de tôlerie sont fabriqués en France avant d’être envoyés en Italie pour subir la transformation. Avant un retour à l’envoyeur pour les derniers assemblages mécaniques. Mais assez parlé, il est temps de s’approcher.
Entre deux eaux
En soi, rien d’intimidant : il s’agit bien et avant tout d’une 205 3 portes. À peine remarque-t-on la vitre triangulaire fixe de chaque côté du pare-brise, l’absence d’entourage de vitres de portières et le tout petit couvercle de malle. Reconnaissable entre mille, la configuration Roland Garros, composée du splendide vert métallisé éponyme et d’une capote au blanc étincelant (quand elle est propre !), va comme un gant à la petite sochalienne.
Dans le détail, notre exemplaire du jour, daté d’avril 1992, dispose déjà des clignotants avant blancs et des feux arrières redessinés et fumés, suite au restylage de 1990. À l’intérieur des pneus, ce sont encore les jantes historiques, précédemment vues sur les XS et autres GT, qui officient. Elles seront remplacées sur la toute dernière série de cabriolet Roland Garros (dite « French Open ») par celles qu’arborera la future 106 du même nom.


Quant à la face avant, elle distille un style « 2 salles, 2 ambiances », avec des phares blancs, mais des longues-portées (intégrés au spoiler)…jaunes. Comme si la 205 refusait de rentrer totalement dans la décennie 90, amenée à sceller son destin.
La fée électricité
À l’intérieur, le ton est immédiatement donné : sièges de 205 GTI avec bourrelets en cuir blanc et tissu spécifique au centre, ceintures de sécurité couleur « terre battue » en clin d’œil à l’origine tennistique du modèle et logo Roland Garros sur le moyeu du volant (gainé de cuir), en lieu et place du lion habituel. Même à l’intérieur, il s’agit de rappeler aux occupants qu’ils ne sont pas dans n’importe quel modèle de 205 cabriolet !
Plus de trente ans après, le tableau de bord conserve une certaine modernité. Les plastiques sont durs mais rien ne semblent pas avoir véritablement bougé avec le temps, et le soleil. Seuls quelques grincements peuvent rappeler l’origine grand public de l’auto, mais tout est à sa place, et fonctionnel.
Avant de partir en balade, il est temps d’ouvrir la belle. Les deux crochets dégrafés, il suffit d’une pression sur un bouton situé devant le levier de vitesses pour découvrir. La capote électrique est un luxe bien agréable sur cette version haut de gamme. En revanche, si le toit souple replié ne gêne en rien la rétrovision, cacher le disgracieux mécanisme nécessite quand même de sortir du véhicule pour récupérer le couvre-capote, tout de blanc vêtu lui aussi, dans le coffre.


L’occasion de constater que le microscopique couvercle de malle ne laisse qu’un passage de coffre minimal, et nécessite de se plier en deux ou de s’accroupir pour accéder au fond du coffre. Gabarits de plus d’1m75, méfiance : le lumbago ou une bosse sur la tête ne sont jamais loin. Bon point néanmoins pour la banquette arrière rabattable en 2 parties (la 205 cabriolet est une quatre places), dont les manettes sont accessibles depuis le coffre. On ne transportera pas l’armoire normande de tante Simone, mais pour un objet long et pas trop encombrant, la cab’ sera partante.
Des balades…toniques
Sous le capot, officie le moteur TU3S dont le carburateur double corps permet aux 1360 cm³ de développer 85 chevaux. Moins aiguë que celle du moteur X qui précède la génération TU, la sonorité reste tout de même caractéristique de la 205. Rien d’insupportable toutefois.
Starter tiré, le moteur se lance au quart de tour. Les premiers tours de roues sont tranquilles, histoire de laisser l’huile chauffer. La prise en main est étonnamment moderne pour une auto dont la conception remonte à plus de 40 ans. Seule l’absence de direction assistée, qui équipe aujourd’hui la moindre micro-citadine, nous rappelle l’âge de la voiture. Lourde en manœuvre, la direction se fait oublier en roulant.
Une fois chaud, il est temps de tester un peu ce moteur. Joyeux, c’est le premier terme qui vient immédiatement à l’esprit : sans être un foudre de guerre, il est vif et offre des accélérations franches, bien aidé par la légèreté de l’auto (885 kg à vide). En sortie de rond-point, attendez-vous à voir les yeux ébahis des conducteurs de SUV mazoutés dans votre rétroviseur !
Lesquels auront tôt fait de vous rattraper… ou pas ! Mais soyons franc, même si elle profite de l’excellente tenue de route de la famille, la 205 cabriolet se savoure plus en balade, aussi tonique soit-elle, que le couteau entre les dents. Cerise sur le gâteau, les places arrière, identiques à la version 3 portes, sont utilisables par des adultes, malgré les contorsions, dues à l’arceau, pour s’installer.


Numéro un des ventes de voitures neuves une bonne partie de la décennie 80, la 205 est aujourd’hui numéro un des voitures collectionnées. Rien d’étonnant à cela : son capital sympathie est intact, elle se glisse comme un gant dans la circulation actuelle et elle est facile et économique à l’entretien. En bref, un yougtimer idéal, surtout dans cette superbe livrée Roland Garros cabriolet.